vendredi 5 septembre 2014

Uji et le Byoudouin

UJI ET LE  BYÔDÔ-IN

 Mayuri Sakaguchi

Introduction
Une grande cérémonie religieuse d’’inauguration a eu lieu à l’occasion de la rénovation du Hôô-dô après un et demi ans de travaux, le 2 avril cette année.
C’était une grande réparation, 56 ans après la précédente. On a changé 52 000 tuiles par des nouvelles et on a coloré les piliers et les portes comme à l’original, en couleur de brun rougeâtre. On a réparé les statues de phénix .  Cela a coûté 450 000 000 ¥. Il y a de quoi aller voir Hôô-dô!
Avant d’y aller cela serait mieux d’apprendre sur le Byôdô-in, le Hôô-dô et la ville de Uji, là où se trouvent le temple.


Uji présent
Uji est une ville du Japon située au sud-est de Kyoto. Voici quelques uns des ses caractéristiques :
- Population  187854 habitants (au 01/05/2014), ce qui en fait  la plus grande ville de la préfecture après la ville de Kyoto.
- Densité     2780 /㎢
- Superficie   67.55㎢
- L’industrie  produit du thé vert
La ville se trouve sur la rivière Uji ( Ujigawa), qui prend sa source dans le Lac Biwa.
Uji est célèbre au Japon pour de multiples raisons :
- C’est la ville où est situé le Byôdô-in .
- Le pont Ujibashi qui enjambe la rivière, construit par Dochô en 647 puis reconstruit au 4ème siècle , fut le lieu de plusieurs batailles à la fin du 6ème siècle et au début du 7ème siècle.
-Murasaki shikibu , une écrivaine fameuse écrit des romans dont la scène est à Uji et qu’on surnomme ‘’ Uji Jujô’’.

L’histoire du Byôdô-in
Historiquement Uji est une ville stratégique à cause de sa position géographique , qui marque l’entrée à Kyoto, comme l’est aussi  Seta dans la préfecture du Shiga.
L’environnement de la rivière Ujigawa qui traverse le ville d’Uji était populaire, comme un beau site où les aristocrates de la Cour de l’ère Heian construisirent leur villas comme résidence de campagne.
Minamoto no Tôru, le premier ministre (左大臣Sadaijin), qui était le 12° fils de l’empereur Saga , avait aussi à cet endroit une villa qui s’appelait ‘’Ujidono’’ ( lit bâtiment Uji ). Minamoto no Tôru est considéré comme un des modèles de Hikarugenji ( le personnage principal du Dit du Genji écrit par Murasaki Shikibu ). Ce bâtiment ‘’Ujidono’’ est l’original du Byôdô-in.
Après la mort de Minamoto no Tôru, la villa devint la propriété de l’empereur Yôzei, ensuite de l’empereur Uda et puis de l’empereur Suzaku qui la nomma ‘’ Uji-in’’. Bientôt elle appartint au régent, Fujiwara Michinaga , qui la nomma ‘’Uji Den’’(宇治殿)

Durant l’ère Heian, quatre clans dominèrent la politique du Japon : le clan de Minamoto, les Taira, les familles Tachibana et Fujiwara. La famille Fujiwara possédait une autorité sur l’empereur grâce à une habile politique de mariages de leurs filles avec un empereur de chaque époque. Fujiwara no Michinaga atteint le sommet de pouvoir et gouverna le Japon, en tant que le beau-père du jeune empereur .
Dans sa villa ,’’Uji Den’’ , Michinaga donna souvent des soirées et profita de la nature d’Uji.
Il mourut en 1027 et son fils Fujiwara Yorimichi eu la succession de la villa ‘’Uji Den’’.
À cette époque-là, 末法思想 la pensée Mappô (une pensée Bouddhique semblable à l’eschatologie) fut répandue et Yorimichi résolut de convertir la villa en un temple.
Selon la pensée Mappô , 2000 ans après la mort de Siddhârtha Gautama ( Sakyamuni) , le fondateur du Bouddhisme, on entre dans une époque instable en désordre où l’enseignement bouddhiste se perd ( 正法) . L’année de 1052 était l’année considérée comme le début de l’époque Mappô. En fait, les causes des désastres naturels et des épidémies sont attribuées au Mappo . C’est dans l’année 1052 que le Byôdô-in fut construit.
Des moines et des prêtres bouddhiques de cette époque avaient une grande inquiétude en ce qui concerne l’affaiblissement du Bouddhisme. Cela encouragea de propager le bouddhisme  Jôdo ( 浄土, la « Terre pure ») . Ainsi beaucoup de temples furent construits à Kyoto à l’époque Heian par des aristocrates espérant d’aller à la Terre pure après leur mort. Yorimichi est l’une des personnes qui espère aller à la Terre pure. Il érigea le bâtiment principal (本堂) dans l’Uji-den en 1052 et l’année suivante , le bâtiment Amida ( 阿弥陀堂 , Amida-dô), qui s’appelle à présent ‘’ Hôô-dô’’.
Amida-dô fut mis en place face à la Terre pure à l’ouest. Un étang se dispose en avant et Mi-dô (御堂) qui abrite une sculpture d’Amida en méditation assis est un bâtiment construit à l’image du palais d’Amida, flottant sur un étang de trésor dans la Terre pure. Ensuite, Kanshi, une des filles de Yorimichi construit le Tour Tahô (多宝塔), et Morizane , le troisième fils de Yorimichi construit le Godai-dô(五大堂) et ainsi le Byôdô-in se développa.
On dit que Yorimichi vécut le reste de sa vie au Byôdô-in après s’être retiré du poste de Kanpaku ( conseiller en chef de l’empereur) en 1067.
La famille Fujiwara, qui était au sommet de l’autorité au milieu de l’époque Heian, perdit graduellement son pouvoir tandis que la classe guerrière devint puissante. En même temps, le Byôdô-in perdit sa prospérité.
À l’époque suivante de la guerre civile (guerre de Genpei entre les Minamoto et les Taira), le Byôdô-in subit les désastres. D’abord en 1180 Minamoto Yorimasa qui combattit contre la famille Taira se suicida à cause de sa défaite dans une salle du Byôdô-in. Plus tard, Ashikaga Takauji et Kusunoki Masashige se combattirent à proximité du Byôdô-in et tous les bâtiments furent brûlés sauf  le Hô-dô et le Kanon-dô qui sont toujours là aujourd’hui.

Le Byôdô-in , le « hall du Phénix »
Le trésor national.
Il est célèbre pour sa beauté et aussi parce qu’il est représenté au dos des pièces de 10¥
Comme on disait autrefois : ’’ Si on ne peut pas croire au paradis, il n’a qu’à visiter le Byôdô-in’’. Le Hôô-dô représente intentionnellement le beau spectacle de la Terre Pure qui fut décrit dans les sûtras ou les livres bouddhiques et dans les peintures bouddhiques. Les bâtiments, y compris le jardin autour de l’étang, forment un ensemble harmonieux.

Le Hôô-dô qui se trouve au centre de l’enceinte a une structure complètement symétrique et c’est un exemple rare dans l’architecture japonaise. On dirait que cette caractéristique prend sa source dans les anciennes peintures bouddhiques qui décrivaient des bâtiments Chinois disposés en forme de carré ou .⊓

Le bâtiment se compose du Chû-dô (中堂、la salle centrale), du Yoku-rô ( 翼廊, des ailes de couloir) des deux côtés et du Bi-rô(尾廊, la  queue de couloir). Dans le Chû-dô , le sculpture d’Amida assis est vénérée . Le bâtiment du Chû-dô est de 3 間( 3×1.8m) de largeur et de 2間( 2×1.8m) de hauteur jusqu’au toit. Il a un auvent de 1間( 1×1.8m) . Il a l’air d’être un grand bâtiment mais il n’est en fait pas très grand . Les balustrades sur les toit des auvents sont des décors pour faire croire que la salle possède un étage. Les deux Yoku-rôs flanquant le Chu-dô avec une proportion équilibrée, sont à un étage et ont la forme d’un L. Les plafonds du premier étage sont si bas qu’on ne peut même pas être debout. Les deux coins sur les parties en L sont à deux étages en apparence mais ce sont aussi des décors et on ne peut pas y monter.
Le Bi-rô, un corridor de queue prolonge vers l’ouest le Chû-dô. Il était autrefois une structure aérée sans mur.
Les toits sont couverts de tuiles. Le bâtiment est de style de Shindenzukuri (寝殿造), style d’architecture des résidences des nobles d’Heian. Le Hôô-dô est l’un de rare exemples d’architecture Heian encore existant.
L’ensemble de la salle représente un phénix, oiseau mythique vénéré par les Chinois, au moment où il se pose sur le sol. Le toit de la salle est surmonté de 2 statues de phénix. C’est pourquoi cette salle s’appelle la salle de Phénix ( jusqu’à l’époque Edo on l’appelait Amida-dô, la salle Amida)

L’intérieur du Hôô-dô
Quand on entre dans la salle, on voit devant ses yeux une sculpture de Bouddha Amida en bois qui est l’œuvre d’un moine et sculpteur connu, Jôcho. Le bâtiment est à peine assez grand pour l’abriter. Cette étroitesse aide à donner aux visiteurs une impression forte qu’ils sont invités au plus près par le Bouddha. Et les statues de Bosatsus ( Bodhisattvas) sur des nuages qui jouent de la musique se trouvent sur les murs, derrière Amida. Il y a une théorie selon laquelle la composition de l’intérieur de la salle représente une scène de Raigô d’Amida : 阿弥陀仏の来迎. Amida vient chercher une personne au moment de mourir pour l’amener à la Terre Pure.
La statue d’Amida a un grand panneau  qui s’appelle Kôhai  (光背 lit. la lumière dos )
sur son dos. Le Kôhai orné des statues de 12 nymphes célestes est mis sous un double dais somptueux en bois : un dais carré orné de nacre et un dais rond ouvragé à claire-voie avec des motifs arabesques.
Les piliers et les poutres et les parties d’ emboîtement, tous, sont multicolores avec des dessins de fleurs de lotus ou d’ autres fleurs de la Terre Pur ( 宝相華 Hôsôge), utilisant le technique particulière de dégradation . Cette dégradation donne aux dessins un effet de trois dimensions (3D).

Le statue d’Amida assis
C’est un chef-d’œuvre sculpté par Jôcho, en bois, doré à la feuille, achevé en 1053. La taille est d’environ 3m. Elle représente Amida en méditation, assis sur un piédestal en forme de lotus.
Jôchô est considéré comme le père de la sculpture bouddhique. La sculpture bouddhique japonaise se développa en introduisant et adoptant les styles chinois ou Coréen. Mais après 10ème siècle, elle se mit à faire un style typiquement japonais. Jocho joua un grand rôle pour créer le style japonais . Son style appelé Jôchô-yô (定朝様) prospéra longtemps .
Tandis que les statues de la première période de l’époque Heian avaient un torse rond et potelé avec une mine solennelle et majestueuse, cette statue d’Amida a une mine joufflue et douce, avec les coins de l’œil inclinés. Elle a les doigts longs et minces et le corps mince bien proportionné en habit de robe avec un petit nombre de plis légers. Ce sont des caractéristiques du style Jôchô, qui signifie le goût de la noblesse de Heian.
C’est aussi Jôchô qui inventa les nouvelles techniques tel que le Yosegi-zukuri(寄木造) et  le Uchi-guri (内ぐり). Le premier veut dire que pour faire une grande statue en bois, on assemble des parties sculptés d’abord à part les une des autres. Uchi –guri est le technique qui consiste à creuser à l’intérieur de la statue pour la faire légère et pour l’empêcher de se fendre.
Il y a beaucoup de statues de style Jôchô mais la seule dont on la certitude qu’elle a été faite par Jôchô lui-même est seulement cette statue de hôô-dô et par conséquent , elle est très précieuse.
Sur le corps d’Amida, il y a des disques appelés Getsurin (月輪, disque lunaire ) . Ils sont mis sur un piédestal en forme de lotus multicolores. Chaque disque porte un mantra écrit en sanscrit qui veut dire l’esprit pur de Bouddha et le désir pour l’Éveil.

Les statues de Bosatsus ( Bodhisattvas) sur des nuages (空中供養菩薩)
Ils sont désignés comme  national trésor.
52 statues de Bosatsus en différentes postures sont accrochées sur les murs autour d’Amida. Ils viennent de la Terre pure avec Bouddha Amida.
Maintenant on peut voir la moitié des statues dans la musée Hôshô-kan(鳳翔館). Elles sont décolorées mais à l’origine ,elles étaient multicolores. Les Bosatsus jouent des instruments musiques divers comme le Koto ( harpe japonaise), le Biwa( luth), la flûte, la clarinette et le Shô ( instrument à vent ) . Tous sont des instruments importés de la Chine par la route de soie. On dit que des disciples de Jôcho les fabriquèrent.

Kuhonraigô-zu (九品来迎図)
Raigô veut dire que le Bouddha Amida vient chercher des croyants de la Terre Pure. Les peintures peintes sur les 4 murs et les 10 portes de la salle représentent les 9 scènes  de Raigô qui se trouvent dans le sutra( 観無量寿経).

Kannon-dô
Kannon-dô se trouve dans le nord de l’enceinte du temple.
Il est nommé Kannon en l’honneur de la statue de Bodhisattva Kannon à 11 têtes.
Byôdô-in subit le feu plusieurs fois mais kannon-dô survécu miraculeusement. C’est une architecture sans étage dont les toits sont de style de Yosemune , de 13 m de large et de 7 m de profondeur. Il donne une impression forte.
Il abritait la statue de Bodhisattva à onze têtes, plus ancienne que la Statue d’Amida. Cependant, maintenant elle se place dans le musée Hôshô-kan.
On peut toujours y trouver la statue de Fudômyôô et la statue de Regeshu-Bosatsus.

Hôshô-kan
La musée Hôshô-kan fut construit en 2013. Son dessinateur est Kurio Akira. Le Bâtiment est très moderne et la manière d’exposition (la muséographie) profite des techniques de pointe comme la lumière LED et son étalage, un des plus grands au Japon . Les salle principales d’exposition sont mis en sous sol pour ne pas déranger le paysage .
On y expose les statues originales de Phénix , une cloche très célèbre pour sa beauté, et les 26 statues des Bosatsus sur des nuage ainsi que d’autres trésors du temple.

Conclusion
Le Byôdô-in est plus beau à la saison des glycines japonaise. Le blason de la famille Fujiwara est la glycine comme son nom l’indique. Sur la treille de glycine, une glycine à l’âge de plus de 280 ans fleurit exaltant un parfum noble.
On peut songer à la prospérité et au déclin de la famille Fujiwara et imaginer la vie de noblesse à l’époque d’Heian.
Allons visiter le Byôdô-in!  Pourquoi pas?

Notes de références
DeAGOSTINI DVD collection Koji・Bustuzo  No.7 Byôdô-in
( 日本の古寺・仏像DVDコレクション NO.7 平等院)
Hachette TOURISME  JAPON
FFRANÇOIS-XAVIER ROBERT    Kyôto itinéraires
Byôdô-in  Wikipédia
Uji wikipédia


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