Kyoto, l'ancienne capitale protégée par la géomancie
Mayumi UEHIRA
Introduction
Pendant la période
ancienne (kodai古代), le siège impérial (miyakoミヤコ[1]) fut fréquemment transféré au bout de quelques années
dans la région de Nara, Osaka et Kyoto. Il faut savoir d'abord ce qu’est la
géomancie chinoise , puis comment l'ancien Japon a choisit les sites de ses
capitales, pourquoi il en a changé souvent et enfin pourquoi la ville Kyôto est
finalement fixée comme la capitale durable pendant 1200 ans.
1. La cosmologie
en Chine
Vers IIIe siècle avant notre ère, la
cosmologie chinoise aboutit à une mise en forme définitive de la théorie du Yin Yang wu xing 陰陽五行(les Cinq Agents ou phases). Les cosmologistes établirent des corrélations
reliant les divers repères spatio-temporels célestes et terrestres. Figurée géométriquement sur les tables de
divination shi式, elle a pour but de permettre de déterminer le "faste" et le "néfaste",
ce qui consiste à connaître le cours du
monde et par conséquent à savoir ce qu'il convient de faire et de ne pas
faire. Cette théorie comprend également une partie dédiée à l'astronomie,
sur laquelle s’appuie le calendrier, la médecine et la science naturelle.
Les anciennes villes
étaient également construites selon la théorie de la cosmologie chinoise. On
l’appelle le Feng shui風水littéralement "vent et eau", ou en français la géomancie. Selon la
cosmologie chinoise dans laquelle le Ciel est conçu comme rond et la Terre,
comme carré, l'espace est imaginé sous forme de carrés emboîtés. Les villes
chinoises étaient construites en carré marqué par quatre portes aux quatre orients. Les géomanciens sont ainsi
chargés de déterminer si la nature du terrain, la configuration du sol, la
disposition des arbres, des rochers et des eaux de la région sont
favorables aux esprits fastes et capables d'arrêter les esprits néfastes.
L'emplacement une fois fixé, on trace son plan sur l'axe principal médian de
direction sud-nord. L'espace est aménagé en symétrie par rapport à cet axe. Par
ailleurs, pour les Chinois, le nord représentait, outre les rigueurs de
l'hiver, le danger des invasions barbares, donc les influences néfastes. Les
villes importantes ainsi que tout bâtiment important, officiel ou privé
s'ouvrent par conséquent au sud. Pour protéger une ville de ces influences
néfastes, il faut une butte ou une colline s'élevant au nord de la ville, une
rivière à l'est, un route à l'ouest et un lac ou un étang au sud. L'aménagement de l'espace fut donc
toujours soumis à des règles : l'orientation nord-sud, l'axialité et la
symétrie. Et les quatre points cardinaux
sont protégés par quatre animaux divins : le dragon bleu à l'est 青竜 (seiryû),
l'oiseau rouge suzaku朱雀 au sud, le tigre blanc白虎 (byakko) à
l'ouest et le gembu玄武 (tortue enroulé d'un serpent) à nord.
2. L'introduction
du Yin-Yang les Cinq Agents 陰陽五行 au Japon
D'après le Nihon
shoki, en 513, les maîtres de cinq sutras
sacrés du confucianisme furent envoyés au Japon du royaume de Paekche百済, un des royaumes de Corée. L'un de ces cinq sutras est un
livre de la divination portant sur la théorie du Yin Yang les Cinq
Agents 陰陽五行. Les maîtres
de la cosmologie vinrent de temps en temps de Paikche. Au VIIe siècle, la cour
japonaise essayait de plus en plus de l'introduire pour l'appliquer dans le
système politique de cette époque. L'empereur Tenmu 天武 (?-686, r.
673-686), essaya positivement de renforcer son pouvoir
et d'aménager le système politique. Il introduisit pour la première fois le bureau Yin Yang 陰陽寮[2] dans son système politique.
3. L'influence
de la géomancie chinoise pour la construction de capitale
3.1. La palais de
Fujiwara et la capitale de Heijôkyô (Nara)
L'impératrice Jitô持統 (645-702, r. 686-697)[3]
introduisit pour la première fois la géomancie chinois. Dans sa cour, les
géomanciens étudiaient l'astronomie et la lecture dans les reliefs géographique pour le choix du site du palais et de la date
favorable de son transfert. Elle transféra son palais à Fujiwara藤原京(préf. Nara) en 694 et créa une véritable
capitale. C'était la première capitale qui imitait à Chang'an長安, la capitale chinoise. Mais elle fut
abandonnée au bout de seize ans. L'impératrice Gemmei元明(661-721, r. 707-715)[4]
fonda par la suite la capitale à l'actuelle ville de Nara (Heijôkyô平城京) en 710. Cependant, l'idée que la capitale
ne devait pas être déplacée n'était pas encore ancrée dans la cour impériale. Ainsi,
son petit-fils, l'empereur Shômu 聖武(701-756, r. 724-749) monta sur le trône à la cour de Heijôkyô平城京, mais à partir de l'année 741 il transféra
successivement sa cour vers trois sites : d'abord à Kuni恭仁 (préf. Kyôto), puis Shigaraki 紫香楽 (préf. Shiga) et à Naniwa難波 (ville d'Osaka). En raison du conflit avec
la Corée, l'empereur s'éloigna de la mer et rentra finalement à Heijôkyô平城京en 745. La capitale de Heijôkyô平城京 imite parfaitement la capitale Chang'an長安de la dynastie des Tang唐. C'est-à-dire que l'espace était aménagé en
damier grâce aux avenues et aux rues qui traversent du nord au sud ou de l'est
à l'ouest. Les quartiers étaient donc en forme carrée. Elle mesurait 4,3 km d’est-ouest
et 4,8 km du nord-sud. Comme la capitale du Tang, une grande avenue nord-sud centrale
divisait la capitale en deux : la partie est était appelée sakyô左京 et l'autre ukyô右京. Cette avenue partait de la porte Roshômon羅生門 et aboutissait à la porte méridionale Suzakumon朱雀門du palais, porte de l’oiseau rouge, symbole
du Sud. La cité administrative et le palais (nairi内裏) s'étendaient au nord. Les édifices étaient réservés aux
divers bureaux. Le bâtiment le plus important était le Daigokuden大極殿 (pavillon de l'énergie ki気 suprême), où se déroulaient les grands rites de la cour.
On peut remarquer aussi une évidente
influence de l'organisation du palais. Les temples bouddhistes étaient
établis dans la ville ou sur les confins de l'est et du sud. Le bouddhisme et
son art y étaient florissant. Tous ces édifices ordonnées et colorés donnaient
un aspect majestueux et éclatant à la capitale, comme en témoigne un fameux poème
japonais waka de l'époque :
"Aoniyoshi Nara no miyako ha あおによし奈良の都は….(Nara aux couleurs éclatantes, comme fleurs
qui s'épanouissent odorantes, dans sa pleine beauté)[5]"
3.2. Raison
d'abandonner la capitale Heijôkyô (Nara)
Le bouddhisme était
protégé par l'Etat à l'époque Nara. En effet, l'empereur Shômu聖武et son épouse Kômyô 光明étaient très dévots. On considérait que la
religion assurait la prospérité et la sécurité de la cour impériale
ainsi que le peuple et le pays. L'entrée de moines dans l'Etat était soumise à l'autorisation
officielle. Le successeur de l'empereur Shômu聖武 était sa fille l'impératrice Shôtoku称徳 (718-770, r. 764-770)[6].
Elle étaient très influencée d'abord par sa mère, puis par Dôkyô 道鏡(?-772), un moine qui, avait obtenu à la fois
les titres les plus hauts dans le domaine religieu et dans la hiérarchie civile
: il était prince de la Loi bouddhique et révérend ministre des Affaires
suprêmes. Il fit entrer son frère dans le conseil des hauts dignitaires. Mais à la mort de l'impératrice Shôteku称徳, Dôkyô道鏡fut exilé et
le Conseil choisit pour empereur un prince, petit-fils de l'empereur Tenji天智, en évitant les descendants de l'empereur Tenmu天武 et l'impératrice de Jitô持統[7]. Ce fut le futur empereur Kônin 光仁(709-781, r. 770-781). Lorsque son fils,
l'empereur Kanmu桓武(737-806, r. 781-806) monta au trône, aucun moine ne put
plus obtenir une fonction de l'administration civile. L'empereur Kanmu 桓武 commença son régime par une série de
réformes. Dès 784, il essaya d'abord de déplacer la capitale à Nagaoka (préf. Kyôto). Il voulait
probablement éviter la capitale de Nara fortement marquée par les influences de
descendants de l'empereur Tenmu天武 et des
monastères bouddhistes. Il voudrait aussi avoir un accès plus facile au port de
Naniwa難波 (Osaka) par
la voie fluviale.
3.3. Raison
d'abandonner la capitale Nagaoka長岡京(préf. Kyôto)
En juin 784, l'empereur
nomma Fujiwara Tanetsugu藤原種継 (737-785), responsable de la construction de la nouvelle
capitale, Nagaokakyô長岡京, mais Tanetsugu 種継fut assassiné en 785. L'empereur Kanmu桓武arrêta et exécuta sans tarder deux
aristocrates du clan Ootomo 大伴qui étaient contre lui. Il arrêta aussi son vrai frère
Sawara早良, prince
héritier du trône, qui était proche des Ootomo大伴. Celui-ci prétendit qu'il était innocent.
L'empereur ne lui crut pas, lui enleva le titre de prince héritier et le
condamna au bannissement sur l'île d'Awaji淡路島. Le prince Sawara 早良protesta contre cette décision en jeûnant et
mourut sur la route de l'île d'Awaji淡路島. Sa dépouille y fut quant-même emportée et enterrée. Après
la mort du prince Sawara早良, il arriva malheur sur malheur dans la famille
impériale. L'empereur perdit successivement ses proches : sa propre mère et ses
deux épouses. De plus, le prince héritier Ate安殿, son propre fils souffrait d'une malade
inconnue. Quant aux catastrophes naturelle, elles se produisirent aussi :
en 788, le pays fut frappé par une grande sècheresse. Pour comble du malheur,
la nouvelle capitale subit deux fois en 792, une grande inondation de la
rivière Katsura桂川. Les anciens japonais croyaient que les malheurs
arrivaient à cause des ressentiments très forts des défunts qui, tout en étant innocents,
avaient été condamnés à mort ou étaient morts dans un lieu de déportation. On
ne connait cependant pas la véritable raison d'abandonner cette capitale, mais
ces malheurs firent penser aux gens que le Nagaokakyô長岡京 était maudit par le Prince Sawara早良 et les autres victimes de la famille
impériale de Kanmu桓武. L'empereur renonça finalement au projet de Nakaokakyô長岡京 et envoya à la province de Yamashiro山背[8] (ville actuelle de Kyoto) un groupe de recensement, dirigé par le vice ministre (Dainagon大納言), Fujiwara no Oguromaro藤原小黒麻呂.
4. Le Heiankyô平安京, la capitale
de 1200 ans
L'empereur Kanmu桓武 décida de transférer en 794 la capitale à
l'actuelle ville de Kyoto. On l'appelle "Heiankyô平安京".
4.1. Choix du site
de la capitale平安京
La
parole de l'empereur Kanmu est citée dans le Nihon kiryaku日本記略, édité en
794. Elle dit que "la province de Yamashiro山背est entourée d’ une chaîne de collines et des
rivières qui forment une muraille naturelle. Il faut adopter les caractères
chinois "山城" (littéralement
"le château de montagnes") à son nom Yamashiro. Et la nouvelle capitale à construire
s'appellera "Heiankyô平安京". En
effet, il y des chaînes montagneuses entourant la capitale à l'est, au nord et
à l'ouest comme un col de vêtement. Les montagnes les plus élevés se trouvent à
symétriquement au nord-est et au nord-ouest : le mont Hiei 比叡山et le mont Atago愛宕山. Le sanctuaire Atago 愛宕神社se trouvant
au sommet du mont Atago protège aussi la direction nord-ouest de la capitale.
C'est
également un site favorable à recevoir les protections de quatre animaux
spirituels des points cardinaux. Il y a la butte de Funaoka船岡山 au nord de la capitale, le grand étang
d'Ogura巨椋池 au sud, la
rivière Kamo 鴨川à l'est et les routes San-in 山陰道et Sanyô山陽道 à l'ouest. De plus, comme pour l’ancienne capitale
de Nara, il y a trois collines, y compris la butte de Funaoka 船岡山au nord, qui entourent la nouvelle capitale.
il s'agit de la butte de Yoshida 吉田山au nord-est et la butte de Narabigaoka双ヶ丘 au
nord-ouest. Sur les sommets des buttes, les sanctuaires shintô protègent aussi
le Heiankyô. Le sanctuaire Yoshida sur la butte de Yoshida est considéré comme
une lieu où le dragon bleu (le divinité protectrice de l'est) descend du Ciel
ou rentre au Ciel.
4.2. Les autres
protections spirituelles pour le Heiankyô 平安京
L'empereur
Kanmu ne se satisfaisait pas seulement de la protection par la géomancie
chinoise. Il plaça et déifia les immenses rochers sacrés ou iwakura
岩倉dans des
collines des quatre points cardinaux. Il s'agît des supports shintô神道 sur lesquels les divinités descendent. Ces
divinités shintô protégeront la nouvelle capitale. Les iwakura 岩倉se trouvent au nord dans l'actuel sanctuaire Yamazumi山住神社, au sud dans
le temple Myôôin明王院, à l'est dans le temple Kanshô-ji 観勝寺et à l'ouest dans le temple Kinzô-ji金蔵寺.
De plus, l'empereur construisit
aussi dans chaque direction, quatre sanctuaires shintô vénérant la même
divinité militaire et protectrice de la capitale, Susanoo no mikoto 素戔嗚尊. Ces sanctuaires s'appellent "Sanctuaire Daishôgun (Grand Général)大将軍神社".
Le plus important est de
protéger la direction de nord-est, appelée "kimon 鬼門" , littéralement "porte d'oni 鬼 ('êtres
diaboliques)". Selon la voie de Yin yang, les courants spirituels
maléfiques ont tendance à converger dans cette direction et les esprits
maléfiques s'introduisent donc facilement par cette direction. On croyait qu'on
peut s'en protéger en vénérant une divinité shintô ou bouddhiste placée dans
cette direction. L'empereur Kanmu plaça des triples barrières spirituelles au kimon 鬼門 : il fit renouveler
les sanctuaires de Kamigamo 上賀茂神社et de Shimogamo 下賀茂神社et plaça le
complexe bouddhiste d'Enryaku-ji延暦寺 au sommet du mont Hiei比叡山en 788. De plus, le temple Sekizan zen'in 赤山禅院 se trouvant
au pied du mont Hiei est aussi considéré comme un des temples gardiens de la
direction nord-est (kimon鬼門). Sur le toit de son édifice principal, un
singe en céramique surveille la capitale. On croyait que le singe a la capacité
d'enfermer un mauvais esprit.
4.3. L'aménagement
de la capitale
La capitale de Heiankyô
imite aussi la capitale Chang'an de la dynastie de Tang, mais sa superficie
(26,79km2) était environ un tiers de Chang'an. Elle mesure 4,5km de
l'est à l'ouest et 5,2km du nord au sud. Comme la capitale de Heijôkyô平城京, on y adapte l'urbanisme chinois. On construisit cette
nouvelle capitale comme la capitale de Nara. L'espace est aménagé en damier et une grande
avenue nord-sud centrale, appelée Suzaku-ooji朱雀大路, de 84 m de
large, divisait la capitale en deux : la partie est était appelée sakyô左京 (capitale gauche) et l'autre ukyô右京 (capitale droite)[9].
L'ukyô右京 avait le modèle de Chang'an長安 et le sakyô左京, Rakuyô洛陽, (Luoyang[10] de Henan河南省 en Chine). La partie
ouest ou L'ukyô右京, ayant des terrains marécageux, disparut malheureusement
progressivement. La ville de Kyôto porte même encore aujourd'hui cet autre nom
"Rakuyô洛陽". La partie nord de Kyôto s'appelle
donc "Rakuhoku"洛北, l'est "Rakutô洛東"...
La grande avenue Suzaku-ooji朱雀大路partait de la
porte Roshômon羅生門 et aboutissait à la porte méridionale Suzakumon朱雀門 (porte d'oiseau rouge) de la cité administrative (Heian-gû平安宮) comprenant
le palais impérial ou nairi内裏. Le Heian-gû平安宮s'étendait au nord de la capitale. Le bâtiment le plus
important dans le palais impériale, nairi内裏 s'appelle Daigokuden大極殿 (Pavillon de l'énergie ki気 suprême)[11],
où se déroulaient les grands rites de la cour. Le sanctuaire Heian jingu 平安神宮fut construit
en 1895, d’après le modèle de ce pavillon à l’occasion du 110e
anniversaire du transfert de la capitale à Kyôto[12].
L'espace était aménagé en
damier par les avenues et les rues qui traversent du nord au sud ou de l'est à
l'ouest. Les quartiers étaient donc en forme carrée. A
la différence du Heijôkyô de Nara, l'empereur Kanmu n'accepta de construire
aucun temple bouddhiste à l'intérieur de la capitale, sauf deux temples d'Etat
pour protéger le pays : le Tôji東寺 et le Saiji西寺. Le Saiji 西寺se disparu avec la partie ouest (l'ukyô右京) de la capitale. Le temple Tôji 東寺seulement existe encore aujourd'hui.
4.4. La protection
spirituelle de la cité administrative, Heian-gû平安宮
La cité administrative (Heian-gû平安宮) était protégée également grâce aux animaux divins,
protecteurs des points cardinaux. Dans
la direction prolongée de la grande avenue Suzaku-ooji朱雀大路 vers le
nord, il y a la butte Funaokayama船岡山 de gembu 玄武, protecteur du nord.
Au sud de
la cité, se trouvait un bois ayant un grand étang symbolisant l'oiseau rouge suzaku朱雀, protecteur du sud. On appelle "Shinsen-en神泉苑". C'était
originellement un bois naturel ayant un grand étang avec un îlot et quelques
sources d'eau. On l'aménagea en y construisant quelques pavillons conformes à
la géomancie. L'étang fournissait aux habitants de l'eau potable. Le Shinsen-en神泉苑" était très
vaste: il se trouvait entre les rue de Nijô et de Sanjô, et entre les rues
d'Oomiya et de Mibu. Un quart de sa superficie fut intégrée dans le château de
Nijô et le Shinsen-en 神泉苑 se réduit aujourd'hui à 8 % de l'original.
La rivière Horikawa堀川 (littéralement la rivière creusée) se déroulait à l'est
de la cité " Heian-gû平安宮.Il s'agit d'un canal percé au
moment de la construction de la capitale. Au long de la grande avenue centrale
de Suzaku (朱雀大路), il y avait deux canaux à chaque côté. Ils s'appelaient
respectivement "Horikawa" de l'est et "Horikawa" de
l'ouest. Ce qui existe aujourd'hui est celui de l'est. Le Horikawa de l'ouest
changea son cours avec la décrépitude de la partie ouest de la capitale.
Il devient aujourd'hui la rivière Kamiya紙屋川.
La cité administrative (Heian-gû平安宮) n'existe
plus aujourd'hui, et le palais impérial "Gosho御所" se trouve dans un site différent de l'ancien. Le nord-est
(kimon ) du palais sont camouflé par
deux angles pour tromper les esprits maléfiques. De plus, un singe sculpté est
placé comme gardien de cette direction. Il vient du sanctuaire de Hie日枝神社, protecteur
du temple Enryaku延暦寺. Il est enfermé dans le filet, car une légende dit qu'
il se promenait et faisait une farce tous les nuits.
5. Les mesures
prises contre les défunts rancuniers
Après le transfert de la
capitale à Kyôto, les fléaux continuaient à se produire. On les considérait
comme des malédictions causées par des défunts qui, étant l'objet d'une fausse
accusation, avaient été déportés ou enfermés, et moururent avec un ressentiment
très fort. L'empereur Kanmu桓武 s'effrayait toujours de la malédiction liée à
Sawara, à son demi-frère Osabe 他戸, prince héritier, et à la mère de ce dernier,
la princesse Inoe井上. La princesse Inoe était une des épouse de son père,
l'empereur Kônin光仁. Elle était accusée d'avoir jeté un maléfice de mort à
l'empereur Kônin. On lui enleva son grade de princesse et aussi celui de son
fils le prince Osabe et on les enferma. Ils moururent le même jour en 775. Ils ont été probablement assassinés. C'était
probablement une conspiration de Fujiwara no Momokawa藤原百川 qui avait proposé le prince Yamabe山部 (le futur empereur Kanmu桓武) comme l'héritier de l'empereur Kônin光仁.
L'empereur Kanmu桓武 prit plusieurs mesures pour apaiser ces esprits
maléfiques. Il envoya plusieurs fois des moines sur l'ile d'Awaji afin
d’organiser des prières pour apaiser l'âme de Sawara早良. En 800, il conféra au prince Sawara早良 le grade d’empereur. Désormais celui-ci
s'appella l'empereur Sudô崇道. Il construisit une tombe tumulus pour son frère à Awaji
et édifia un sanctuaire seulement pour lui 崇道神社. Plus tard, on refit son tumulus à Nara. On
craignait vraiment la malédiction de Sawara早良.
Quant à son demi-frère
Osabe 他戸, prince héritier et à la mère de ce dernier,
la princesse Inoe井上, l'empereur Kanmu桓武 leur rendit leurs titres en 777 et refit leurs tombes. En
800, il conféra à Inoe井上, le titre de reine-mère.
Dans la ville de Kyôto, plusieurs sanctuaires déifient
l'empereur Sudô崇道, la princesse Inoe井上, le prince Osabe 他戸 ainsi que
d'autres âmes rancunières. On appelle ce type de sanctuaire Goryô jinja御霊神社. Par
exemple, comme sanctuaires Goryô jinja御霊神社, il y a le Kami Goryo jinja 上御霊神社, le Shimo
Goryo jinja下御霊神社, ou le Fujinomori jinja 藤森神社de
l'arrondissement Fushimi伏見.
Au cours de l'histoire de
la capitale, plusieurs sanctuaires Goryô jinja御霊神社 furent
construit pour apaiser les autres âmes. Par exemple, les sanctuaires Tenman-gû天満宮 pour Sugawara no Michizane菅原道真, le
sanctuaire Shiramine白峰神宮 pour l'empereur Sutoku崇徳(1119-1164,
r.1123-1141), qui fut déporté dans la province de Sanuki,
après avoir été vaincu au moment la guerre de Hôgen保元の乱 et et qui
mourut en 1164.
Les sanctuaires Gôryô 御霊神社à la capitale de Heiankyô平安京 et à ses
environs
Lorsque des fléaux frappait la capitale et la cour
impériale, l'empereur organisait le "Goryô-e御霊会" pour apaiser ces âmes maléfiques dans
leurs sanctuaires et dans le bois de Shinsen-en神泉苑. Le Goryô-e le plus connu dans l'histoire fut organisé en
863 dans le bois de Shinsen-en 神泉苑, pour apaiser L'âme de
l'empereur Sudô崇道, de la princesse Inoe井上,et du prince Osabe 他戸… Le "Goryô-e御霊会" consistait en prière de moines et de géomanciens,
en danses accompagnées de musique (bugaku舞楽 et gagaku雅楽) et en spectacles d’acrobatie ou de jonglage…
A la fin de l'époque, le peuple commençait à organiser les "Goryô-e御霊会" dans les sanctuaires, comme le
sanctuaire Yasaka Jinja八坂神社. Pour le peuple, c'était une bonne occasion de s'amuser
de spectacles.
Conclusion.
Au cours de l'époque Heian平安時代, la
géomancie influençait beaucoup la vie des nobles. Le bureau de la
géomancie de la cour avait créé chaque année le calendrier en indiquant les
jours et la direction néfaste ou faste. Si le jour était néfaste, on restait
tranquillement à la maison. Si la direction de déplacement était néfaste, on
allait d'abord vers l'autre direction faste et ensuite vers la destination
définitive. Le clan des Kamo s'occupaient de génération en génération des
postes responsables dans le Bureau de Géomancie de la cour impériale. Mais, le
géomancien le plus connus du Japon était Abe no Seimei 阿部清明dont je vais parler
pour la prochaine fois.
La géomancie se développa
au Japon au cours des siècle en changeant sa forme. Même les seigneurs de
l'époque des Provinces en Batailles (戦国時代) consultaient la divination pour faire des
batailles. Aujourd'hui, la géomancie s'installe dans la vie quotidienne de
sorte qu'on ne connait pas son origine, par exemple les fêtes saisonnières
comme le Setsubun節分 du 3 février, la fête de filles (Hinamatsuriひな祭り) du 3 mars,
le Tanabata七夕 du 7 juillet. En outre, lire le plan de
maison, la horoscope chinoise. Par ailleurs, la grande fête de Gion 祇園祭りétait aussi à
l'origine organisée pour apaiser les âmes rancunières de l'empereur Sudô崇道(prince Sawara早良) et des autres défunts, victimes de fausses
accusations.
Bibliographie :
Ø Francine
Hérail (ss dir.), L'Histoire du Japon, des origines à nos jours, Hermann Editeurs, Paris,
2009
Ø Flora
Blanchon, Isabelle Robinet, Jacques Giès, André Kneib, Art et histoire de Chine vol. 2, Presse de l'Université
de Paris-Sorbonne, 1999, Paris
Ø Makoto
TAKEMITSU武光誠, Sugu wakaru Nihon no jujutsu no rekishi すぐわかる日本の呪術の歴史(Histoire de
la magie maléfique au Japon), Tokyo bijutsu, 2001
Ø Shigekazu
MEZAKI目崎茂和, Kyo no fûsui meguri 京の風水めぐり(promenade dans la ville de Kyôto selon la géomancie), Tankôsha, 2002 (en japonais).
Ø Atelier Kasha
か舎工房et Masaharu KIKUCHI菊池昌治, Kyoto no makai o iku 京の魔界を行く(Se promener dans le monde de ténèbres de Kyôto), Shôgakukan, 1999 (en japonais).
Ø Satoshi
SHIMIZU清水さとし, Kyôto Naruhodo jiten京都なるほど辞典, (Le Petit dictionnaire de Kyôto), Jitsugyou no Nihonsha, 2002 (en japonais).
Ø Osamu et
Haruko WAKITA 脇田修 脇田晴子(ss dir.), Monogatari,
Kyoto no rekishi 物語京都の歴史(L'histoire
du Kyoto), Chûkô shinsho, 2008 (en japonais).
[1] Le mot ancien "miyakoみやこ" est
crée par deux mots "miya宮" et "ko処". Le miyako veut dire litéralement le site où
il y a un palais impérial. On adapte plus tard la caractère chinois 都 (miyako) ou 京(kyô)
[4] Elle était la quatrième fille de l'empereur Tenji天智et l'épouse du Prince Kusakabe草壁皇子, fils de l'empereur Temmu天武 et l'impératrice Jitô持統.
[6] Elle était la fille
de fille de l'empereur Shômu聖武 et son épouse Kômyô 光明monta à la trône deux fois. Elle
se nomma l'impératrice Kôken孝謙pour son
premier règne (749-758).
[7] L'empereur Tenji天智 et l'empereur Tenmu天武 étaient frères. L'impératrice Jitô持統 était fille de Tenji天智 et épouse de Tenmu天武. Tenji天智 céda le
trône à son premier fils Ôtomo 大友皇子(l'empereur
Kôbun弘文). Mais après
la mort de Tenji, Tenmu s'empara par la force du pouvoir de haute lutte en 672.
On appelle ce conflit "Jinshin no ran 壬申の乱ou les troubles de l'année aîné de l'Eau et du
Sange".
[10] Luoyang 洛陽 était la capitale des Wei septentrionaux. A
l'époque des Tang, cette ville est catégorisée comme la capitale est de la
dynastie par rapport à la capitale Chang'an長安.
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